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"Le monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page", (Saint Augustin).

25 Jun

Guns N' Roses.

Publié par All Spirit  - Catégories :  #Conversation avec...

Guns N' Roses.

Salut Axel ...Salut les gars...

C'est avec les oreilles quelque peu bourdonnantes et les yeux pétillants d'un adulte redevenu môme que je t'adresse ces quelques lignes. Tu décèleras probablement un peu de fatigue au travers des mots choisis, mais cette nuit, je me suis couché les doigts tendus vers le ciel, où j'ai touché un rêve suspendu depuis trente ans. Je n'avais pas envie de m'endormir pour me réveiller un "autre" jour qui m'obligerait à conjuguer celui-ci au passé. 
La magie tend vers l'éternité mais n'y parvient qu'à coup d'instants. Tu le sais, j'en suis certain.

A l'époque, j'avais huit ans et je dormais dans un drap orné du blason de ton groupe...Une literie d'un bleu nuit sur laquelle côtoyaient la fureur des revolvers et la douceur piquante des roses. Révélateur de ce que vous étiez collectivement, mais aussi plus que certainement individuellement. Un contraste saisissant entre deux extrêmes desquels émanent des sentiments aussi puissants qu'immaîtrisables.

La concurrence était déjà rude pour vous ...Et pour toi encore plus...J'ai lu une avalanche d'articles décriant la qualité de vos mélodies, de vos textes, remettant en cause la légitimité de votre place au panthéon du Sacro-Saint rock'n'roll...Jalousie  ou goûts divers, je n'en connais pas la cause.  Mais je sais que s'il existe bel et bien une base technique pour déterminer ce qui est bon ou mauvais, il existe surtout un phénomène étrange capable de parler aux entrailles de ceux qui s'exposent à cette musique. On appelle ce fil magique "émotions".

J'aime le rock parce que ces émotions se libèrent de manière sauvage, amplifiées par la violence de leur projection tel un râle de bête blessée. Elles me donnent une impression d'authenticité, de dernier souffle dans lequel on n'a plus besoin de calculer. Elles me procurent la sensation d'un aérodynamisme parfait dans une chute libre sans point d'impact.

Il est de notoriété publique que tu es difficile à apprivoiser. La vie ne t'ayant pas donné beaucoup de raisons de l'être, il est vrai. Certains de tes choix ne t'ont pas toujours été bénéfiques non plus. Ni à toi, ni aux autres balles et corolles qui constituent le reste de ta bande.
Toutefois, je n'ai aucun doute sur le fait que le rock, cette musique dure, était taillée pour toi.
Tu avais l'étoffe pour te mesurer à elle. Tu étais dur et violemment écorché, toi aussi.
Mais tu sais, dans toutes les langues, il existe un contraire pour chaque mot. Pour être dur, il faut avoir été doux. Et cette douceur propre à chaque être malmené par l'existence baignant dans l'abîme d'une plaie sanglante, il me plaît de croire que jamais tu n'as réussi à la tuer. Elle est béante et laisse libre cours à ces fameux pétales de roses s'égosillant dans des mélodies dont la tristesse est devenue culte.

La musique peut être dure dans le rythme, dans la voix, mais aussi dans la genèse d'une mélodie, dans le foetus d'un texte. Elle peut être dure dans la souffrance incontrôlable qui pousse un être humain à gratter mélancoliquement sur une six cordes ou à pleurer des taches d'encre sur un papier recyclé.

Au jour d'aujourd'hui,j'aime beaucoup de grands groupes marchant sur tes parterres de fleurs ou sur tes champs de batailles, tu choisiras selon ton humeur...Je pense notamment à un groupe australien qui n'a pas usurpé sa légende tant eux aussi sont bons.
Mais il s'avère qu'il y a une différence fondamentale entre ce genre de formation et la tienne : La subtilité des mélanges. Un pot pourri de souffrance et de bien-être, de déchirement et de bonheur. 

Et là est toute la différence.
Beaucoup de ces rockeurs hurlent une révolte qu'ils n'ont pas vécue, une réclamation à la vie qui pourtant leur à permis de devenir ce qu'ils voulaient être : célèbres, riches, musiciens...
De ce que je sais, aucun d'eux n'est devenu ce qu'il est par besoin d'une thérapie, par incapacité à faire face ou parce qu'il ne savait pas comment survivre dans le chaos d'un esprit torturé.
Alors, tes détracteurs me diront que toi aussi, aujourd'hui tu as obtenu tout ça, et ils auront raison. Mais la rive de laquelle vous avez tous sauté pour vous retrouver sur cette île de la célébrité n'était pas la même.

Hier, pour la première fois de ma vie, j'ai assisté à un de vos concerts...Et trente ans plus tard, si aujourd'hui, toi aussi tu surfes sur la réussite financière, rien n'a pourtant vraiment changé dans ce que vous avez mis sur pied il y a si longtemps.
Le fil d'Ariane continue d'acheminer les notes et les vibrations jusqu'à nous. Sans soubresaut. Sans accro.
Certaines m'ont fait fermer mon téléphone portable avec lequel je filmais, mes yeux se sont fermés et plus rien n'existait. Le sol avait disparu et seules les notes me berçaient.

Je viens de te raconter le cadeau suspendu dont je te parlais plus haut ... Tu peux en faire ce que tu veux.

Mais j'ai encore une ou deux choses à te dire...
Quelques fois, dans le royaume des rêves, la magie et la féérie pointent le bout du nez, donnant du crédit à la légende.
La tienne est que tu arrives à faire vivre tes chansons. En retour, en guise de merci et en gage de fidélité,celles-ci retournent habiter là où elles sont nées : en toi !

Hier, il a plu sur les première notes de "November Rain" pour s'arrêter à la dernière. Il a plu sur la plus belle de tes chanson, "Estranged", mais il n' a pas plu une seule fois sur "Don't cry". Aucune larme venue d'en haut.

Peut-être que oui...Peut-être que je ne suis pas honnête, mais lorsque tu redeviens enfant l'espace d'un instant, tu as le droit de crier et de penser des choses au semblant d'immaturité...
Et puis je vais te dire : tant pis ! Même adulte, je continuerai de dire avec insolence, subjectivité et admiration que pour longtemps encore, Guns N' Roses est le plus grand groupe de rock au monde.


 

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