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"Le monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page", (Saint Augustin).

10 Nov

Publié depuis Overblog

Publié par All Spirit  - Catégories :  #Conversation avec...

 

Soyons jadis.
Le vouvoiement...Ce "vous" d'une âme intimidée vers les yeux d'une amante qu'il ne peut dompter. Qu'il ne veut dompter. Une âme qui ne le laissera plus jamais être celui qu'il était.


Ma douce Catherine, 

En mon point de mire par delà les quelques heures qu'il reste à écouler, un dimanche.
Un jour naissant sous une aurore particulière pour vous. En effet, Plusieurs froids novembres ont vécu depuis votre venue au monde. En voici un nouveau.
L'occasion pour moi de vous dire à quel point je vous aime.


Pouvez-vous m'imaginer devant un pupitre en bois, éclairé de la bougie en pleine pénombre et écoutant battre la pluie sur le carreau, avec pour seul bris de silence le crissement de la plume qui ne demande qu'à révéler les sentiments ? Ma foi...Peut-être. Mais je m'égare.

Savez-vous qu'autrefois, les plus torrides amants se vouvoyaient dans leurs missives amoureuses ? Il en était ainsi pour d'illustres histoires romantiques. Des correspondances aussi belles et intenses qu'elles semblaient hors du temps.
Celui-ci nous apprendra qu'elles l'étaient effectivement, et que lui-même,hilarant concept habité tant de minutes que de secondes, s'est vu démuni face à de telles déclarations.
Il s'est dès lors rendu à l'évidence jusqu'à la fin des temps.
Un "vous" donné aux grand noms. Mais aussi à quelques Dames dont les soupirants ne savaient, non sans certaines drôles de maladresses, comment aborder celles qui les faisaient chavirer.

Savez-vous, Catherine, à quel point je vous aime ? Il serait inconcevable que vous me répondiez un "oui", moi-même vivant dans l'ignorance de ces limites.
Pourquoi tant vous noyer d'amour, me demanderez-vous...
Je vous aime pour tout ce  que je ne suis pas. Pour tout ce que je ne peux pas. Je vous aime pour tout ce que vous êtes. Je vous aime pour ce que vous faîtes de moi. Je vous aime d'exister.

Je vous aime d'un amour à faire jalouser un Montaigu.
Je vous aime depuis notre embrasement, il y a aujourd'hui 4118 nuits. C'était une belle nuit.

La bienséance ne m'autoriserait pas de telles révélations au grand public. Cependant, le coeur qui flambe en moi sans jamais s'essouffler depuis ce  baiser sucré d'été me brûle si fort qu'il m'est inconcevable de laisser les gens dans un non-savoir aussi idiot que collectif.
L'authenticité est aujourd'hui une hérésie. Naguère, une telle chose était punissable.
Aujourd'hui, à l'aube de la modernité rétrograde, encore.
Le bûcher fut, semble t-il, remplacé par les préjugés. Et bien soit...S'il le faut, je périrai par les idées préconçues. Qu'il en soit donc ainsi, si telle est la peine encourue.

Suis-je fou ? Je ne puis vous répondre. Si tel est le cas, la démence semble si douce à vos côtés que je ne m'en soucie guère.
Voyez-vous, Catherine, si l'amour vrai est le premier pas vers l'aliénation, que celle-ci prenne vie pour que je puisse, s'il en est possible, vous aimer plus encore.
Que ma folie déploie ses ailes pour voler aussi loin que possible de la raison, et que cette dernière se désintègre lentement et douloureusement dans un chaos indescriptible.
Je le sais, aujourd'hui plus que jamais, je ne suis heureux que dans le tourment de vos bruns yeux.
L'incandescence de ce brasier, qui n'a de cesse de chatouiller mes entrailles en votre nom, rend la dite chaleur d'un potentiel enfer glaciale comme les neiges éternelles.


Je vous vois comme une Dame du XXI ième siècle, réussissant par les vertus perdues, là où les militantes de votre camps échouent.
Vous incarnez à mes yeux le féminisme absolu : Celui qui n'a que faire d'être l'égal de l'homme. Vous êtes la figure de proue du féminisme vrai : Celui qui réussit par le coeur à occire l'ego du sexe masculin.
Le mien à votre égard a posé les armes à tout jamais dans une reddition absolue.

Que notre foyer ainsi que ma vie soient donc votre Domaine de Nohant.

Ne doutez jamais de l'amour que je vous porte, douce Catherine. Il est léger comme la feuille de marronnier, délicat comme une pâtisserie lisboète et résistant comme le diamant.

Il se fait tard, et la bougie s'effondre.
Aussi, je vous quitte pour ce soir, laissant la mélodie des gouttes battre la mesure à ma fenêtre.

Joyeux anniversaire, tendre moitié.

Votre mari.

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"Le monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page", (Saint Augustin).